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Curious Nature

Let go for a weekend on Isle-aux-Grues

Marine Didierlaurent
Marine Didierlaurent Off to Montréal
Written on April 2, 2019

Recently I had the chance to be invited by the Chaudière-Appalaches region to discover the magnificent Isle-aux-Grues. Two days in contact with nature to take the time to appreciate the calm and the beauty of the archipelago, told by passionate inhabitants and proud of their island. It's very difficult to explain how you feel when you get there, as if time has stopped. We feel alone in the world, everything is soothing, the place is perfect to disconnect.

L’Isle-aux-Grues en quelques mots

Située à 45 min de Québec, la petite île de 1,7km de large sur 7km de long est nichée au milieu du fleuve St-Laurent, face à la ville de Montmagny. L’archipel compte une vingtaine d’îles et d’îlots, privés pour la plupart, l’Isle-aux-Grues est la seule habitée à l’année. De nombreuses familles de l’île sont encore les descendants directs des premiers villageois arrivés du 17ème siècle. L’économie repose majoritairement sur l’agriculture et le tourisme. Les agriculteurs sont regroupés sous la forme d’une coopérative et ont construit une fromagerie qui depuis 30 ans fait la renommée du lieu. Le charme, l’emplacement et la lumière incroyable du site en ont fait le refuge de plusieurs peintres et artistes.

Une fin de semaine hors du temps sur l’archipel

L’hiver, l’Isle-aux-Grues est un havre de paix pour les habitués. Coupés du continent de Novembre à Avril, la centaine d’habitants n’a que l’avion pour aller travailler, se rendre à l’école ou faire ses courses. C’est là que commence notre week-end au petit matin à bord du premier vol de la journée. L’appareil peut accueillir 9 personnes et pas mal de bagages. (On est revenues avec des employés Hydro-Québec et tout leur matériel le dimanche). Le vent qui soufflait ce jour-là nous a un peu effrayé, mais le vol s’est très bien passé. Il dure à peine 5 min et nous offre une vue superbe sur le fleuve et l’archipel.

Gilles le propriétaire de l’auberge « Les Maisons du Grand Héron  » nous attend sur le tarmac pour nous faire un tour guidé historique, architectural, touristique et agricole des environs. L’infatigable n’est pas natif de l’île, mais connait son histoire dans les moindres détails et est intarissable sur le sujet. Après une heure, on a déjà l’impression d’être un membre des familles Painchaud, Lemoine, Vézina, Lachance, et tous les autres. Puis Gilles nous ramène à son auberge et nous découvrons le tipi dans lequel nous allons passer la nuit. La forêt enneigée offre une ambiance unique. Nous prenons ensuite le petit déjeuner (oui on a déjà fait pleins de choses mais il n’est que 9h!). La cuisine est orchestrée par Nicole, la femme de Gilles, et tout ce que nous allons manger ce week-end sera délicieux. Je regarde comme hypnotisée par la baie vitrée. D’énormes blocs de glace qui flottent, emportés par le courant du Saint-Laurent. Adeline me demande se qu’on fait après je réponds « Rien ». Je pourrais rester des heures collée à la fenêtre avec cette vue.

Après plusieurs heures à bucoler et bouquiner, on se décide à profiter du soleil et du ciel bleu qui perce les nuages pour explorer l’île. Pas de quoi se perdre, il n’y a que 5 routes. D’ailleurs on ne croisera que deux voitures pendant notre balade, marcher en plein milieu de la voie sans crainte est un luxe appréciable. On remonte la Route du Quai pour rejoindre le Chemin du Roi, prendre le Chemin de la Volière, et aller jusque dans la basse ville au Bateau Ivre. J’imagine que ça doit être agréable à parcourir en vélo durant l’été. Personne dans les rues, c’est comme si l’île était abandonnée. Le caractère authentique des demeures (dont beaucoup n’ont pas bougé depuis plus de 200 ans) renforce ce sentiment. Leurs façades bariolées font contraste avec la neige immaculée. On raconte que les habitants peignaient leur habitation de la même couleur que leur embarcation. Ainsi ils arrivaient à repérer leur bâtisse depuis le fleuve. Y’a pas à dire : Elle est envoutante cette île!

L’impressionnante et élégante église trône au centre de l’île depuis 1888. Entièrement faîte de bois à l’intérieur comme extérieur, elle a du en voir passer des célébrations. Aujourd’hui, elle n’accueille plus qu’une messe toutes les deux semaines. C’est une triste réalité, la population diminue tous les ans et les services se retirent les uns après les autres. L’unique école a fermé ses portes il y a quelques années, faute d’enfants à scolariser. Il n’y a plus d’établissement bancaire car les frais de fonctionnement étaient plus coûteux que les gains. Et seul un magasin avec quelques produits d’épicerie est ouvert certaines heures par jour. Ne cherchez pas un café ou un restaurant, il n’y en a pas (sauf à l’auberge de Gilles, ou le Café aux Quatre Vents l’été). À la fromagerie , Marie-Michelle nous parle de tous ses produits qui rayonnent bien au delà de l’archipel. On aurait bien aimé goûter ses fromages et visiter l’infrastructure mais ça ne se fait pas en basse saison. Le vent se lève et devient de plus en plus glacial, impossible oublier qu’on se trouve en plein milieu d’un fleuve.

Le soir, notre forfait inclut un souper plusieurs services dans le restaurant La Goulue sur place. Tous les produits servis sont locaux (et il faut mieux pour pouvoir être opérationnel pendant l’hiver). Comme nous étions en visite pendant les festivités de la Mi-Carême, nous avons eu le droit à un menu spécial. Le serveur est également sommelier et propose une carte de vins désalcoolisés, végans et d’importation privée. On a même eu la joie d’enfin déguster les fromages ! Ah oui et j’oublie, la salle (et tout l’auberge) c’est Gilles qui a tout construit de ses mains. Impressionnant !

Tradition de la  Mi-Carême

L’Isle-aux-grues fait partie des trois dernières villes du Québec qui perpétuent cette fête unique et insolite. Depuis 1646, les habitants de l’île sont fidèles à ce carnaval loufoque. À la tombée de la nuit, plusieurs personnages costumés déambulent dans la rue et entrent à l’intérieur des maisons dont les lumières sont allumées. La lumière indique que les propriétaires acceptent et participent à la fête. Commence alors le jeu : deviner quel ami, membre de la famille ou voisin se cache sous le masque et le déguisement. Pas si facile ! Ceux dont l’identité est trouvée, retirent leurs masques et trinquent avec les villageois. Puis ils continuent leur tournée, la ville est plongée dans un état de joie et d’euphorie. Les costumes, tous aussi majestueux les uns que les autres, n’ont rien à envier à ceux de Venise. Des journées de travail dans le secret le plus total des maisons pour épater la communauté le soir venu. Pour ceux qui visiteraient l’île à une période différente, le Bateau Ivre expose de façon permanente une vingtaine de créations de la Mi-Carême fait main par les couturières de l’île. 

L’hébergement dans un tipi

Rien à voir avec l’habitation des indiens, ce tipi « en dur » est grand luxe! Il peut accueillir jusqu’à 4 personnes grâce à sa mezzanine avec un lit double et son canapé-lit deux places. Il y a même une cuisinette avec tous les ustensiles nécessaires et un petit coin salle de bain avec toilette. Chauffage et électricité sont inclus. Mais ce qui fait le charme et la beauté de cet hébergement c’est sa grande fenestration qui laisse entrer la lumière et offre une vue époustouflante sur l’extérieur. Les images parlent d’elles-mêmes… Nous avons passé une excellente nuit et sommes restées toute la matinée dans notre petit cocon avant de retrouver nos hôtes pour le midi.

Le temps d’un dernier repas face au fleuve et il est déjà l’heure que Gilles nous ramène. C’est l’embouteillage, nous ne sommes pas les seules à repartir sur Montmagny. Premiers arrivés, premiers servis. Trois traversées et une heure plus tard, c’est à nous d’embarquer. Et en quelques secondes, on prend de la hauteur et on s’éloigne de l’île, la réalité nous rattrape. Il était bien ce week-end, magique même. Elle a quelque chose cette île, c’est certain!